LE PETIT BRUTAL.
J’ai vu bien des enfants mal éclos dans ma vie ;
J’en ai tant vu, tant vu que les yeux m’en font mal !
Mais ils valaient de l’or près du petit brutal
Qui, de ne pas l’aimer, me donnerait l’envie.
Il faut aimer pourtant : que faire de son cœur ?
Quand il serait encor plus hardi, plus moqueur,
Il faut en le grondant lui faire une caresse
El le changer peut-être à force de tendresse.
Gronder n’est pas si beau.
— « Viens donc, mon pauvre enfant,
Ma raison te pardonne et mon cœur te défend.
La malice est un dard que l’indulgence émousse.
Bonjour ! Prends cette orange… Elle est mûre, elle est douce ;
Fais-en ce que tu veux ; je la gardais pour toi :
Un jour, pour quelque enfant tu feras comme moi.
Tu ne dis pas merci ?
— Non.
— Pourquoi donc ?
— Je mange.