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AUX NOUVEAUX NÉS HEUREUX.


Petits enfants heureux, que vous savez de choses,
En naissant !
On dirait qu’on entend s’entreparler des roses,
Et que vous racontez votre ciel au passant.

Vos rires sont vainqueurs en buvant de vos mères
Le doux lait,
Vous qui ne sentez pas que des larmes amères
Coulent dans ce nectar tiède et blanc qui vous plaît.

Ah ! c’est pourtant ainsi, mes charmants camarades,
Mais buvez !
La source où vous puisez d’abondantes rasades
Ne peut vivre et courir qu’autant que vous vivez.

Buvez ! délectez-vous sans labeur et sans honte,
Car un jour
Le sort qui reprend tout vous demandera compte
De ce lait qu’une mère offre avec tant d’amour !