LA COURONNE EFFEUILLÉE.
J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée
Au jardin de mon père où revit toute fleur ;
J’y répandrai longtemps mon âme agenouillée :
Mon père a des secrels pour vaincre la douleur.
J’irai, j’irai lui dire, au moins avec mes larmes :
« Regardez, j’ai souffert… » il me regardera,
Et sous mes jours changés, sous mes pâleurs sans charmes,
Parce qu’il est mon père il me reconnaïtra.
Il dira : « C’est donc vous, chère âme désolée !
La terre manque-t-elle à vos pas égarés ?
Chère âme, je suis Dieu : ne soyez plus troublée ;
Voici votre maison, voici mon cœur, entrez ! »
Ô clémence ! ô douceur ! ô saint refuge ! ô Père !
Votre enfant qui pleurait vous l’avez entendu !
Je vous obtiens déjà puisque je vous espère
Et que vous possédez tout ce que j’ai perdu.