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Vigne errante et parfumée
Qui fleurit, même en ce lieu ;
L’espoir, cette étreinte immense
Qui joint tous les univers,
Ne sens-tu pas qu’il commence
D’unir au moins nos revers ?

Comme aux chaleurs d’une serre
L’homme fait germer ses fleurs,
Le trépas qui nous enserre
Ici fait germer nos cœurs.
À travers le dernier voile
Tendu sur l’autre avenir
Nous voyons la double étoile
De l’aube et du souvenir.

Que de sources éternelles
Dans ces lointains toujours beaux !
Que d’arbres aux fleurs nouvelles
Sur ces routes sans tombeaux !
Vois que d’immortelles vies
Te recevront avec moi :
Vois que de mères suivies
D’enfants aimés comme toi !