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LES SANGLOTS.

À Pauline Duchambge.


Ah ! l’enfer est ici ; l’autre me fait moins peur :
Pourtant le purgatoire inquiète mon cœur.
 
On m’en a trop parlé pour que ce nom funeste
Sur un si faible cœur ne serpente et ne reste ;
 
Et quand le flot des jours me défait fleur à fleur,
Je vois le purgatoire au fond de ma pâleur.
 
S’ils ont dit vrai, c’est là qu’il faut aller s’éteindre,
Ô Dieude toute vie, avant de vous atteindre !
 
C’est là qu’il faut descendre et sans lune et sans jour,
Sous le poids de la crainte et la croix de l’amour,
 
Pour entendre gémir les âmes condamnées,
Sans pouvoir dire : « Allez, vous êtes pardonnées ! »
 
Sans pouvoir les tarir, ô douleur des douleurs !
Sentir filtrer partout les sanglots et les pleurs ;