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RÊVE INTERMITTENT D’UNE NUIT TRISTE.


Ô champs paternels hérissés de charmilles
Où glissent le soir des flots de jeunes filles !

Ô frais pâturage où de limpides eaux
Font bondir la chèvre et chanter les roseaux !

Ô terre natale ! à votre nom que j’aime,
Mon âme s’en va toute hors d’elle-même ;

Mon âme se prend à chanter sans effort ;
À pleurer aussi tant mon amour est fort !

J’ai vécu d’aimer, j’ai donc vécu de larmes ;
Et voilà pourquoi mes pleurs eurent leurs charmes.

Voilà, mon pays, n’en ayant pu mourir,
Pourquoi j’aime encore au risque de souffrir.

Voilà, mon berceau, ma colline enchantée,
Dont j’ai tant foulé la robe veloutée,