Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1860.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que ce soit d’amitié, d’amour, que l’on vous aime,
Le cœur qui vous aima ne peut jamais changer.

Laissez-moi ma retraite et ma mélancolie ;
Je la préfère à l’ivresse d’un jour :
On peut rire avec la folie,
Mais il n’est pas prudent de rire avec l’Amour.
Laissez, laissez-moi fuir un danger plein de charmes ;
Ne m’offrez plus un cœur qui n’est qu’à vous :
Le badinage le plus doux
Finit quelquefois par les larmes.

Mais je n’ai rien perdu ; la tranquille amitié
Redeviendra bientôt le charme de ma vie :
Je renonce à l’amant, et je garde une amie ;
C’est du bonheur la plus douce moitié.





À DÉLIE


III


Oui ! cette plainte échappe à ma douleur :
Je le sens, vous m’avez perdue.
Vous avez, malgré moi, disposé de mon cœur,
Et du vôtre jamais je ne fus entendue.

Ah ! que vous me faites haïr
Cette feinte amitié qui coûte tant de larmes !