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De ce pupitre ouvert l’amour s’échappe encor.
Où va mon âme ?… elle me quitte ;
Plus prompte que ma vue, elle atteint son trésor !

Il est là !… toujours là, sous vos feuilles chéries,
Frêles garants d’une éternelle ardeur ;
Unique enchantement des tristes rêveries
Où m’égara mon cœur !
De sa pensée échos fidèles,
De ses vœux discrets monuments,
L’Amour, qui l’inspirait, a dépouillé ses ailes
Pour tracer vos tendres serments.
Soulagement d’un cœur, et délices de l’autre,
Ingénieux langage et muet entretien !
L’empire de l’absence est détruit par le vôtre ;
Je vous lis, mon regard est fixé sur le sien !
Ne renfermez-vous pas la promesse adorée
Qu’il n’aimera que moi… qu’il aimera toujours ?
Cette fleur qu’il a respirée,
Ce ruban qu’il porta deux jours ?…
Comme la volupté, que j’ai connue à peine,
La fleur exhale encore un parfum languissant ;
N’est-ce pas sa brûlante haleine ?
N’est-ce pas de son âme un souffle caressant ?
Du ruban qu’il m’offrit que la couleur est belle !
Le ciel n’a pas un bleu plus pur ;
Non, des cieux le voile d’azur
Ne me charmerait pas comme elle !

Qu’ai-je lu ?… Le voilà, son éternel adieu !
Je touchais au bonheur, il m’en a repoussée ;
En appelant l’espoir, ma langue s’est glacée ;