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Et tu me l’as rendu brûlant de ton image.
Je le reprends, ce cœur blessé par toi ;
Pardonne à mon imprévoyance :
Je lui dois ton indifférence ;
Que te faut-il encor pour te venger de moi ?





À L’AMOUR


Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs,
Ces lettres qui font mon supplice,
Ce portrait qui fut ton complice ;
Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs.

Je te rends ce trésor funeste,
Ce froid témoin de mon affreux ennui :
Ton souvenir brûlant, que je déteste,
Sera bientôt froid comme lui.
Oh ! reprends tout ! Si ma main tremble encore,
C’est que j’ai cru te voir sous ces traits que j’abhorre.
Oui, j’ai cru rencontrer le regard d’un trompeur ;
Ce fantôme a troublé mon courage timide.
Ciel ! on peut donc mourir à l’aspect d’un perfide,
Si son ombre fait tant de peur !

Comme ces feux errants dont le reflet égare,
La flamme de ses yeux a passé devant moi ;
Je rougis d’oublier qu’enfin tout nous sépare ;
Mais je n’en rougis que pour toi.