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IDYLLES.

Un vieillard indigent porte aussi ses douleurs :
Allons ! ses yeux éteints ne verront pas mes pleurs.
Comme il prie ! On dirait qu’une lumière heureuse
Pour éclairer son front vient d’entr’ouvrir les cieux.
On dirait que le jour est rentré dans ses yeux,
Ou qu’il bénit tout bas une main généreuse.
Dieu ! l’a-t-il rencontré ? Si calme, si content,
Presse-t-il un bienfait sur son cœur palpitant ?
Est-ce lui qu’il bénit ? et la voix que j’adore
Dans ce cœur désolé résonne-t-elle encore ?
Écoutez-moi, mon père, au nom de ce bienfait ;
Celui qui vous l’offrit, à vous m’a demandée
Peut-être ?… Oh ! que ma main, par la sienne guidée,
Joigne son humble offrande au don qu’il vous a fait.
Mais, en vous consolant, soupirait-il, mon père ?
Déchiré du tourment dont il me désespère,
Injuste, mais fidèle, en soupçonnant ma loi,
Vous a-t-il dit : Priez et pour elle et pour moi ?
Oui, je sais qu’il est triste et qu’un accent plus tendre
Au malheureux jamais n’a su se faire entendre.
Oui, je vais retrouver mon bonheur, qu’il troubla,
Car mon bonheur, c’est lui, mon père, et le voilà !



LE RETOUR AUX CHAMPS

Que ce lieu me semble attristé !
Tout a changé dans la nature ;