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IDYLLES.

De nos tendres amours pardonnant le mystère,
Il ne t’appellera que pour combler tes vœux.

Déjà le vent rapide emporte le nuage ;
La lune nous ramène un doux rayon d’espoir ;
Adieu ; je ne crains plus d’oublier mon devoir,
Ô mon cher Olivier ! j’ai trop peur de l’orage !





LA NUIT


Viens ! le jour va s’éteindre… il s’efface, et je pleure.
N’as-tu pas entendu ma voix ? Écoute l’heure ;
C’est ma voix qui te nomme et t’accuse tout bas ;
C’est l’amour qui t’appelle, et tu ne l’entends pas !
Mon courage se meurt. Tout à ta chère idée,
D’elle, de toi, toujours tendrement obsédée,
Pour ton ombre j’ai pris l’ombre d’un voyageur,
Et c’était un vieillard riant de ma rougeur.

Eh quoi ! le jour s’éteint ? N’est-ce pas un nuage,
Un vain semblant du soir, un fugitif orage ?
Que je voudrais le croire ! Hélas ! un si beau jour
Ne devait pas mourir sans consoler l’amour.
Viens ! ce voile jaloux ne doit pas te surprendre.
Dans les cieux à son gré laisse-le se répandre ;
Ne va pas, comme moi, le prendre pour la nuit !
Quand son obscurité m’importune et me nuit,
Si le soleil, plus pur, allait paraître encore !
Si j’allais, avec lui, revoir ce que j’adore !