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poésies

Qui n’a pas un écho cruellement sonore
Jetant par intervalle un nom que l’âme abhorre,
Et la fait s’envoler au fond de l’avenir ?

Vous aussi, ma natale, on vous a bien changée !
Oui ! quand mon cœur remonte à vos gothiques tours
Qu’il traverse, rêveur, notre absence affligée,
Il ne reconnaît plus la grâce négligée
Qui donnait tant de charme au maternel séjour !

Il voit rire un jardin sur l’étroit cimetière
Où la lune souvent me prenait à genoux.
L’ironie embaumée a remplacé la pierre
Où j’allais, d’une tombe indigente héritière,
Relire ma croyance au dernier rendez-vous.

Tristesse ! après longtemps revenir, isolée,
Rapporter de sa vie un compte douloureux,
La renouer malade à quelque mausolée,
Chercher un cœur à soi sous la croix violée,
Et ne plus oser dire : « Il est là ! » c’est affreux !

Mais cet enfant qui joue et qui dort sur la vie,
Qui s’habille de fleurs, qui n’en sent pas l’effroi ;
Ce pauvre enfant heureux que personne n’envie,
Qui, né pour le malheur, l’ignore et s’y confie,
Je le regrette encore : cet enfant, c’était moi.

Au livre de mon sort si je cherche un sourire.
Dans sa blanche préface, oh ! je l’obtiens toujours
A des mots commencés, que je ne peux écrire,