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poésies


Quand le cœur sommeille
Frappé de langueur,
Ce n’est pas l’oreille
Qui comprend un cœur !

Il est un langage
Appris par les yeux ;
Nos yeux, page à page,
Y lurent les cieux !

C’est un livre d’ange,
Quand on est aimé :
Si l’un des deux change,
Le livre est fermé !


RÉVEIL


Avoir aimé, ce n’est plus vivre.
Parny.


C’est qu’ils parlaient de toi, quand, loin du cercle assise.
Mon livre trop pesant tomba sur mes genoux ;
C’est qu’ils me regardaient, quand mon âme indécise
Osa braver ton nom qui passait entre nous.

Et puis leurs voix riaient : j’ai pu rester sans crainte.
On disait ton bonheur et tes belles amours.
À mon livre fermé, moi, je lisais toujours ;
Car sur mon front baissé toute une âme était peinte.