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Mais l’enfant la caresse ; il la rappelle, il pleure ;
Il arrête son âme aux lèvres qu'il effleure,
Et son corps délicat, par sa mère entouré,
Palpite, et tremble encor d’en être séparé.
« Ne tremble plus ; c’est moi. Vois-tu ; je suis ta mère,
O mon fils ! C’est mon fils ! regardez-le, mon père ;
C’est mon fils ! Ce n’est plus son fantôme trompeur ;
C’est mon enfant qui m’aime, et qui vit sur mon cœur. »
Le pasteur pour le voir se courbe devant elle :
Il sent couler ses pleurs à son récit fidèle ;
Elle dit tout en paroles de feu ;
De baisers, de sanglots son récit se compose.
En vain pour sa vengeance elle bégaye un vœu :
Sortira-t-il du cœur où son fils se repose ?
Sans doute il a souffert, l’enfant infortuné !
Sans doute... il vit encor : sa mère a pardonné !


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LA FLEUR DU SOL NATAL[1]


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A M. DU THILLŒIL


O fleur du soi natal ! ô verdure sauvage !
Par quelle main cachée arrives-tu vers moi ?
O mon pays ! quelle âme aimante, à ton rivage,
A compris qu'une fleur me parlerait de toi ?

  1. Je dois à cet ingénieux présent d'un compatriote une surprise
    dont le souvenir ne s’effacera jamais de mon cœur. A deux cents
    lieues de mon pays, je reçus un panier de fleurs cueillies sous les