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Ses pas abandonnés n’ont qu'un craintif essor,
Et de bluets tantôt sa robe était parée.
Vous pourrez le rencontrer nu,
Car souvent la misère a dépouillé l'enfance :
Vous l’aurez bientôt reconnu,
L’ange qui pleure sans défense !
Rendez, rendez l’enfant dans la foule égaré :
Pour l’appeler encor sa mère a tant pleuré !»

Le vieux crieur se tut : de la morne assemblée
Il attendit longtemps un mot, un seul... en vain.
Les mères enchaînaient leurs enfants sur leur sein,
Et de vagues frayeurs cette nuit fut troublée.
On dit qu’un mendiant passa,
Couvert d’affreux lambeaux, à la marche furtive.
Et qu’un jeune cri s’élança
Dans l’air avec la voix plaintive :
« Rendez, rendez l’enfant dans la foule égaré :
Pour l’appeler encor sa mère a tant pleuré ! »

—————————

LA SUITE


DU


VIEUX CRIEUR DU RHONE


———


A M. JARS


Le vieux crieur allait contant l’histoire
Du faible enfant vers le Rhône égaré :