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Tout est détruit : lui-même, il n’est plus le bonheur ;
Il brisa son image en déchirant mon cœur.
Me rapporterait-il ma douce imprévoyance,
Et le prisme charmant de l’inexpérience ?
L’amour en s’envolant ne me l’a pas rendu ;
Ce qu’on donne à l’amour est à jamais perdu.





SOUVENIR


Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante
S’éteignit tout à coup dans un mot commencé ;
Quand ses yeux, soulevant leur paupière brûlante,
Me blessèrent d’un mal dont je le crus blessé ;
Quand ses traits plus touchants, éclairés d’une flamme
Qui ne s’éteint jamais,
S’imprimèrent vivants dans le fond de mon âme,
Il n’aimait pas : j’aimais !





À MADEMOISELLE GEORGINA NAIRAC


Ah ! prends garde à l’amour, il menace la vie :
Je l’ai vu dans les pleurs que tu verses pour moi.
Prends garde, s’il est temps ! Il erre autour de toi,
Et c’est avec des pleurs aussi qu’il m’a suivie.