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« — Sauvez-vous, pauvre petite,
« Sans me demander pourquoi
« J’ai choisi ce sombre gîte :
« L’oiseleur, qu’en vain j’évite,
« Vous l’apprendrait mieux que moi. »

Alors autour du grand chêne
Elle entrevoit des réseaux ;
Gémissante, et hors d’haleine,
Elle veut briser la chaîne
Du roi des petits oiseaux :

« Vous n’êtes pas assez forte,
« Dit-il, mais consolez-vous :
« Du monde il faut que tout sorte ;
« Dieu n’y plaça qu’une porte,
« Et la Mort l’ouvre pour tous ;
« Sous cette loi simple et juste
« On voit passer tour à tour
« L’oiseleur, l’oiseau, l’arbuste,
« Les rois et leur race auguste :
« J’y passerai donc un jour.
« Mais des rois l’ombre incertaine
« Demande grâce souvent
« Au destin qui les entraîne :
« L’oiseau blessé qui s’y traîne,