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« À cette heure où mes compagnes
« Cherchent l’ombre à l’autre bord,
« Qu’au bruit vague des campagnes
« Tout s’engourdit et s’endort ;
« Sous ma guirlande nouvelle,
« Dites-moi, petit ruisseau,
« Me trouvez-vous aussi belle
« Que Daphnis me paraît beau ?
« En vain avec ma couronne
« J’ai l’air aussi d’une fleur ;
« Tout l’éclat qu’elle me donne
« Ne fait pas battre mon cœur…
« Aux bergères de mon âge
« Je vois les mêmes appas ;
« Elles dorment à l’ombrage,
« Et je n’en soupire pas !…
« Sans Daphnis tout m’est contraire ;
« Daphnis a donc plus d’attraits ?
« Et je sens qu’on ne peut plaire
« Qu’en ayant les mêmes traits !
« Ô Daphnis ! si la parure
« Me rendait belle à tes yeux,
« J’apprendrais, dans l’onde pure,
« À tresser mes longs cheveux.
« J’irais supplier mon père
« De m’accorder pour un jour