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LE BERCEAU D’HÉLÈNE.


Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
Oh ! je le vois toujours ! j’y voudrais être encor !
Au milieu des parfums j’y dormais sans défense,
Et le soleil sur lui versait des rayons d’or.
Peut-être qu’à cette heure il colore les roses,
Et que son doux reflet tremble dans le ruisseau ;
Viens couler à mes pieds, clair ruisseau qui l’arroses ;
Dans tes flots transparens montre-moi le berceau !
Viens ! j’attends ta fraîcheur, j’appelle ton murmure ;
J’écoute, réponds-moi !
Sur ces bords où les fleurs se fanent sans culture,
Les fleurs ont besoin d’eau, mon cœur sèche sans toi.
Viens ! viens me rappeler, dans ta course limpide,
Mes jeux, mes premiers jeux, si chers, si décevans,
Des compagnes d’Hélène un souvenir rapide,
Et leurs rires lointains, faibles jouets des vents.
Si tu veux caresser mon oreille attentive,
N’as-tu pas quelquefois, en poursuivant ton cours,
Lorsqu’elles vont s’asseoir et causer sur ta rive,
N’as-tu pas entendu mon nom dans leurs discours ?