Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1820.pdf/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(177)


LA MONTRE.


IMITATION LIBRE D’UN SONNET DE GOUDELIN.


Toi qui reçus par artifice
Et le mouvement et la voix,
Quand l’heure vient tracer sur ton frêle édifice
Les momens qu’elle accorde et reprend à la fois,
Confidente du Temps, ô toi qui toujours veilles,
Défends à Lyris de dormir !
Frappe de sons si doux ses mignonnes oreilles,
Que de son cœur distrait il s’échappe un soupir !
Si son œil languissant au hasard te regarde,
Apprends-lui qu’elle touche à la saison d’aimer ;
Si, pour tromper l’Amour, sa raison te retarde,
Dis-lui que le Temps vole, et qu’elle sait charmer !
Dis-lui que son nom seul, oui, ce nom que j’adore,
Fait battre je ne sais quel ressort dans mon sein,
Qui tombe sur mon cœur bien plus souvent encore
Que ton léger marteau sur le fragile airain ;
Dis-lui que de ses yeux les vives étincelles
M’apprennent des secrets mille fois plus nombreux