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L’ÉTRANGÈRE.


Ah ! que le monde est difficile !
Hélas ! il n’est pas fait pour moi.
Ma sœur, en ton obscur asile,
J’étais plus heureuse avec toi !
On m’appelle ici l’étrangère ;
C’est le nom de qui n’a point d’or.
Si je ris, je suis trop légére ;
Si je rêve… on en parle encor !

Si je mêle à ma chevelure
La fleur que j’aimais dans nos bois,
Je suis, dit-on, dans ma parure,
Timide et coquette à la fois ;
Puis-je ne pas la trouver belle !
Le printemps en a fait mon bien ;
Pour me parer je n’avais qu’elle ;
On l’effeuille… et je n’ai plus rien !