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DORIS.

Oh ! les tristes leçons ! Du ruisseau qui les donne
Troublons les flots jaloux ; qu’ils n’affligent personne.

HÉLÈNE.

Tu peux troubler ses flots, mais non pas les tarir.
Quand les jours sont moins purs, cessent-ils de courir ?
La pierre d’un long cercle a ridé sa surface ;
Elle tombe ; l’eau roule ; et le cercle s’efface.

DORIS.

Ô ma chère compagne, en est-il des beaux jours
Comme de ce tableau ?

HÉLÈNE.

Comme de ce tableau ? C’est celui des Amours !

DORIS.

Mais par une amoureuse et touchante aventure,
Lorsque tu le crois seul, errant et malheureux,
Il trouve un filet d’eau caché sous la verdure,
Et l’emporte gaîment dans son sein amoureux.

HÉLÈNE.

Mais il arrive à peine au fond de la vallée,
Surpris par le torrent qui l’entraîne à son tour,
Il y jette en tribut son onde désolée ;
Et les ruisseaux amans s’y perdent sans retour.

DORIS.

Eh bien ! je n’irai pas jusqu’au torrent, bergère,
Donner à leur destin d’inutiles soupirs :