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« Pénètre au sein de ta tige glacée !
« Ta vie heureuse est enfin commencée ;
« Relève-toi, j’ai ranimé ta fleur.
« Je te consacre aux nymphes des bocages ;
« À mes lauriers tes rameaux vont s’unir ;
« Et j’irai quelque jour sous leurs jeunes ombrages
« Chercher un souvenir. »

L’Arbrisseau, faible encor, tressaillit d’espérance.
Dans le pressentiment il goûta l’existence :
Comme l’aveugle-né, saisi d’un doux transport,
Voit fuir sa longue nuit, image de la mort,
Quand une main divine entr’ouvre sa paupière,
Et conduit à son âme un rayon de lumière :
L’air qu’il respire alors est un bienfait nouveau ;
Il est plus pur ! il vient d’un ciel si beau !

Humbles fleurs, modeste verdure,
Du Dieu qui vous fit naître entourez les autels.
De l’arbuste offrez-lui la première parure :
Les plus simples parfums plaisent aux Immortels.