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PAUVRES FLEURS


Comme aujourd’hui, c’était toi, mon autre âme,
Lueur vivante éclairant mon chemin ;
Ange gardien sous ton voile de femme
À qui Dieu dit : « Tenez-la par la main ! »

Ô jours d’hier ! ô jeunesse envolée,
Avant notre âme, autre oiseau gémissant,
Ouvrant à Dieu son aile d’exilée,
Rougie au plomb qu’on lui tire en passant !

Posée à peine aux lieux où sonne l’heure,
Sais-tu quel seuil mon pied triste a tenté ?
Tout seuil de Christ où chaque âme qui pleure,
A droit d’asile et d’hospitalité.

Le front baigné de soleil ou de bise,
Sans droit ni place au banquet étranger,
Je me sauvais dans les bras d’une église,
Seuls bras ouverts au malheur passager.