Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.pdf/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
PAUVRES FLEURS


Beaux anges mutinés qui bravez nos tendresses,
Dont les jours, dont les nuits tièdes de nos caresses,
Loin de vos nids plumeux brûlent de s’envoler ;
Qui les fera plus doux pour vous en consoler ?

La mère, n’est-ce pas un long baiser de l’âme ?
Un baiser qui jamais ne dit non ni demain ?
Faut-il ses jours ? Seigneur ! les voilà dans sa main :
Prenez-les pour l’enfant de cette heureuse femme.

Enfant ! mot qui peut dire : amour ! ciel ! ou martyre !
Couronne des berceaux ! auréole d’épouse !
Saint orgueil ! nœud du sang, éternité jalouse,
Dieu vous fait trop de pleurs pour vous anéantir.

C’est notre âme en dehors, en robe d’innocence,
Hélas ! comme la vit ma mère à ma naissance :
Et si je la contemple avec d’humides yeux,
C’est que la terre est triste et que l’âme est des cieux !