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PAUVRES FLEURS.

Je voulais me sauver de ses dures contraintes,
J’avais peur de ses lois, de ses morts, de ses craintes,
Et ne sachant où fuir ses échos durs et froids,
Je me prenais tout haut à chanter mes effrois !

Mais quand tu dis : « Je viens ! » quelle cloche de fête,
Fit bondir le sommeil attardé sur ma tête ;
Quelle rapide étreinte attacha notre sort,
Pour entre-ailer nos jours d’un fraternel essor !
Ma vie, elle avait froid, s’alluma dans la tienne,
Et ma vie a brillé, comme on voit au soleil,
Se dresser une fleur sans que rien la soutienne ;
Rien qu’un baiser de l’air ; rien qu’un rayon vermeil,
Un rayon curieux, altéré de mystère,
Cherchant sa fleur d’exil attachée à la terre,
Et si tu descendis de si haut pour me voir,
C’est que je t’attendais à genoux, mon espoir !
Sans dignité ?… que si ! mais fervente et pieuse.
À l’heure qui tombait lente, religieuse,
Comme on écoute Dieu, moi, j’écoutai l’amour,
Et tes yeux pleins d’éclairs m’ouvrirent trop de jour !