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PAUVRES FLEURS.

Elle est triste, inclinée à la même douleur.
Lorsque j’étais enfant, je l’ai beaucoup aimée,
J’en ai fait mon jardin, mon linceuil, mon séjour :
Elle attend le soleil, et moi bien plus, l’amour !

Lui, s’est pour un enfant pris d’une amitié tendre :
Hélas ! toute innocence il s’arrête à l’entendre.
Jamais enfant ou fleur, il n’importe à quel lieu,
Ne passent qu’il ne dise en lui : « Je crois en Dieu ! »
Cet arrivant du ciel, fleur à tête penchée,
Fleur sommeilleuse encor dans ses feuilles cachée,
Sous ses longs cheveux d’or lui plaît tant aujourd’hui,
Que j’aide la jeune âme à causer avec lui,
À bégayer des mots d’espérance profonde,
À préparer ses yeux au jour d’un autre monde.
Consoler c’est prier ! c’est mon droit, et mon sort
Est de l’absoudre ainsi dans ma vie et ma mort.

Mais je ne peux l’aimer qu’à beaucoup de distance,
Et qu’en un grand péril lui prêter assistance :
Ainsi le regardant, pâle à travers le soir,
Comme il était venu seul et triste s’asseoir