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PAUVRES FLEURS.

N’ai-je donc pas crié mille fois tristement,
Dans mon cœur et partout, et toujours ardemment :
« L’air respiré par lui convient seul à ma vie.
« Je ne peux me souffrir où je sens qu’il n’est pas.
« Si la tombe devait me ramener ses pas,
« La tombe me ferait envie !

« Pourquoi s’est-il lié si fort avec mon cœur
« Enfin ! que tout entier je ne puis le reprendre ?
« Pourquoi m’avoir été si tendre, ou si trompeur ?
« Si la mort voulait me l’apprendre ! »

La mort m’a tout appris. Moi, j’ai tout pardonné :
Car il est revenu sur mon corps incliné,
Pour me rendre la terre et moins froide et moins dure,
L’humecter de ses pleurs et d’un peu de verdure :
C’est assez ! c’est assez pour avoir peur des cieux,
Pour préférer la terre où j’attends… je suis mieux !

Au flanc du tournesol je me suis enfermée :
Une âme peut tenir long-temps dans une fleur.