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PAUVRES FLEURS.

Des apparitions, des mots prompts et de flamme,
Qui font trembler nos nuits de tendresse et d’effroi.
Ils sortent de partout ceux qui veulent nous plaire !
Où trouver de la force, où donc de la colère,
Où trouver un refuge, un mensonge, une voix,
Qui démentent ce mot… que j’ai dit tant de fois !

Si j’ai mal dit que Dieu souffle sur mes pensées,
Comme on souffle le sable alors qu’il nuit aux fleurs ;
Comme le vent détruit les feuilles dispersées,
D’un arbre maladif ; mais, qu’il regarde aux pleurs !
Les pleurs, c’est de l’amour ! et l’amour, c’est Dieu même !
Et Dieu l’a dit d’une autre et du même remord :
« Elle ne mourra pas de l’éternelle mort :
Le monde la maudit ; moi, je la sauve : elle aime. »
Et je l’aimais… pitié ! je l’aime encor… pardon !
Il a de tout charmer le désir et le don,
Lui qui m’attire, absent du fond de mon calice,
Pour m’abreuver encor de deuil et de délice ;
Lui qui, sous les rosiers ombrageant sa maison,
La seule sur la terre où l’on dise mon nom,