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PAUVRES FLEURS.

Car on siffle après moi. Quand il revient des champs,
Mon maître autour de lui veut avoir tous ses gens. »

Castor pressant le pas médite sa parure ;
Il n’avait de six mois démêlé sa fourrure,
Car son maître est si pauvre et si peu glorieux,
Et si laborieux !
L’artisan voit si tôt la fin de sa journée,
Qu’il pèse le moment comme un riche, l’année.
Du luxe leur grenier n’offrait pas le tableau,
Et Castor se baignait quand il tombait de l’eau.
Il en cherche ce soir : on ne veut pas déplaire
On égaie un festin d’une robe plus claire,
Et sans l’anneau doré de ses frères les lords,
Il lava sa misère ; elle fut belle alors !


*

Quand il sortit lavé, les chiens du voisinage,
Une blanche levrette à l’avril de son âge,
Qui déjà le voyait d’un œil humide et doux,
Accourut pour savoir ! ils accoururent tous :