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PAUVRES FLEURS

Nous regardions long-temps les anges aux fronts blancs
Que je t’y promenais invisible, à pas lents,
Modelant leurs beaux traits sur ta forme indécise ;
J’ai bien fait ! nul enfant n’a rapporté des cieux
Tant de ciel inondant sa profonde paupière,
Et l’on n’a vu jamais, d’un front si gracieux,
Jaillir tant de rayons de vie et de lumière.
Qu’un si petit visage enferme de portraits !
De tout ce que j’aimai tu m’offres quelques traits :
Que d’anges envolés sans pouvoir les décrire,
Dans ton sourire errant reviennent me sourire !

Et je l’avais prédit, quand je sentais ton cœur
Éclore et battre faible à mon flanc créateur !
Quand mes heures veillaient autour de ta défense,
Dans mon humble abandon qui m’eût fait une offense !
Tout, c’était toi ! Mes yeux enfermés sous ma main,
N’ont appelé personne en ce monde inhumain,
Personne ! pour calmer, pour soutenir ma tête,
Et dérober mon fruit au vent de la tempête :
Oh ! mais : lorsqu’en ton nom je regardais les cieux,
Ton sourire passait dans les pleurs de mes yeux,