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PAUVRES FLEURS.


Du jour, par mes regards je t’allumai la flamme ;
La nuit je descendais au fond de ta prison ;
Des mauvais souvenirs te sauvant le poison,
J’aurais voulu te faire un ciel de ma pauvre âme !
J’aurais voulu voir Dieu pour te créer plus beau ;
Pour imbiber ton cœur de sa grâce profonde
Et pour faire couler un peu de son flambeau
Sur ta raison aveugle à ton entrée au monde !

Ne va pas l’oublier : je t’ai parlé de Dieu ;
Je t’ai fait de prière, enfant ! de tendres larmes ;
J’ai formé ton oreille aux échos du saint lieu ;
Je t’ai caché vivant à toutes nos alarmes,
Et j’allais au soleil couchant sécher mes pleurs,
Pour te rendre suave et pur comme les fleurs ;
Ou dans les roseaux verts je t’emportais pensive,
Pour t’abreuver du bruit de quelque source vive,
Qui m’ouvrant son cristal comme à l’oiseau plongeur,
Sur notre double fièvre épanchait sa fraîcheur.

Souviens-toi que souvent, seuls au fond d’une église,