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PAUVRES FLEURS.

Peut-être ; et quelque ronce est vouée à tes charmes,
Comme au doux fruit le ver, comme à l’amour ses armes :
Comme un fil noir à l’or enlacé tristement !

Est-ce un adieu qui frappe à ta porte, bel ange ?
Est-ce un miroir brisé par un secret ressort ?
De rayons et de nuit indicible mélange,
D’où nous vient, que d’en haut, cette lumière étrange,
Dans les momens profonds qui nous ouvrent le sort ?

Qu’ai-je donc ? je suis folle aussi. Tu m’as troublée.
Va ! l’augure est pour moi, je l’espère : J’ai peur !
J’ai peur comme en passant une porte voilée ;
Par l’ange qui bannit je m’entends rappelée,
Et sa voix me cherchait en traversant ton cœur.

On sonne !… C’est nous deux que le malheur demande :
Ton père au loin chancèle, il veut te voir… Adieu !
De quelques pauvres fleurs amère réprimande !
Moi, l’exil me rejette au flot qui le commande ;
Et nous nous reverrons sur la terre, ou chez Dieu !