Page:Desbordes-Valmore - Pauvres fleurs, 1839.pdf/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
PAUVRES FLEURS.

Que ta main de mon père entr’ouvrait la demeure,
Quand Dieu sous ta figure y désaffligeait l’heure,
Alors que maladive et lourde à mon berceau,
Comme l’oiseau blessé pèse sur un roseau,
L’heure traînait son vol au toit de ma famille,
Et menaçait d’éteindre une petite fille ;
Que c’est ta volonté qui ralluma mon sort ;
Qui me reprit deux fois dans l’aile de la mort ;
Et quand je vacillais, luciole éphémère,
Me rendit toute vive aux larmes de ma mère.

Oui, tu plains de nos maux la triste profondeur,
Toi ; tu comprends tout l’homme en t’écoutant toi-même ;
Car ton étoile veuve au sein de sa splendeur,
Sait que l’on meurt déjà quand on perd ce qu’on aime ;

Ne meurs pas ! souffre encore ; aide-nous à souffrir ;
Laisse à mon doux pays ta charité savante,
À quelque humble famille une mère vivante ;
Et quelque pauvre enfant qui ne veut pas mourir !