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PAUVRES FLEURS.


L’absence est presque le veuvage ;
Mais moins seul à l’heure du soir,
Il sait bien qu’au bord du rivage,
Pour saluer son esclavage,
Nous venons souvent nous asseoir,

Ma mère ! écoutez comme il chante :
On dirait qu’il pleure après moi.
Las de la chaleur desséchante,
Sous la lune rouge et méchante,
Je jurerais que je le vois !

Qu’il dorme à la cloche qui pleure
Et sonne au port le couvre-feu ;
Qu’un tableau plus riant l’effleure ;
Pour lui laisser oublier l’heure,
Je veux bien qu’il m’oublie un peu !

Que de Marseille la charmante,
Il rêve les fruits et les fleurs ;
Qu’assoupi loin de la tourmente,
Il écoute ma voix d’amante,
Mais qu’il n’entende pas nos pleurs !