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PAUVRES FLEURS.

Et quand là-bas, là-bas, comme on peint l’espérance,
Dieu tendait l’arc-en-ciel aux pèlerins errans,
S’il avait ruisselé sur ma vierge souffrance,
La nuit se sillonnait de songes transparans :
Et sur l’onde qui glisse et plie, et s’abandonne,
Quand j’avais amassé des parfums purs et frais,
En voyant fuir mes fleurs que n’attendait personne.
Je regardais ma mère et je les lui montrais.

Et ma mère disait : « C’est une maladie ;
Un mélange de jeux, de pleurs, de mélodie ;
C’est le cœur de mon cœur ! oui, ma fille ! plus tard,
Vous trouverez l’amour et la vie… autre part. »

Innocence ! innocence ! éternité rêvée !
Au bout des temps de pleurs serez-vous retrouvée ?
Êtes-vous ma maison que je ne peux rouvrir ?
Ma mère ! est-ce la mort ?… je voudrais bien mourir !