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PAUVRES FLEURS

M’écoutant vivre encor près de l’âtre désert,
N’élevant plus qu’en moi mon timide concert ;
Sur un rythme qui pleure asseyant ma pensée,
Ma tête dans mes mains lentement balancée,
Devant le bois qui s’use et qui sert de flambeau,
Seule ! à me croire encor seule comme au tombeau,
Au cher petit tombeau dont j’ai tant vu la terre,
Et la mousse et les fleurs, et la croix solitaire,
Que sa forme partout s’élève devant moi,
Et quand je veux chanter me demande pourquoi :
Pourquoi ! c’est qu’on voudrait vivre encor de la vie,
Quand on a tant pleuré sa belle fleur ravie ;
C’est qu’on voudrait se prendre à quelque autre roseau
Mais le moindre, ma sœur, ne peut croître sans eau !

Allons, votre hymne ! allons, vos vers ! doux chœur d’abeilles,
Qui revenant des fleurs bruït à mes oreilles ;
S’emporte à l’avenir et chante dans le vent ;
Vrais accords de la muse à qui je dis souvent :