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PAUVRES FLEURS.

On meurt partout, allez. « Que leur répondre ? rien ;
Doucement leur sourire, et m’en aller. » Eh ! bien :
Vos vers, du moins, vos vers ! afin que la nature,
L’haleine des ruisseaux, leur bruit dans la verdure,
Le jour douteux et blanc dont la lune a touché
Tout ce ciel que je porte en moi-même caché,
Se relèvent de joie et des sons d’une lyre,
Qui m’aide à m’oublier quand je viens de vous lire,
Et Dieu vous bénira, qui dans vos chastes yeux,
Infiltra le symbole et la teinte des cieux :
Lui ! qui vous départit cette force tranquille,
Ce courage sans bruit de vous faire un asile,
Partout, où de vos fleurs broyant les frais tableaux :
Rien ne vous a forcée à les jeter aux flots ;
Si votre livre, au temps porte une confidence,
Vous n’en redoutez pas l’amère pénitence ;
Votre vers pur n’a pas comme un tocsin tremblant ;
Votre muse est sans tache et votre voile est blanc !
Et vous avez au faible une douceur charmante !

Faible aussi sous un cœur dont le poids me tourmente,