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PAUVRES FLEURS.

Versez un peu d’eau pure à mon sort altéré,
Vous ! qui tenez du ciel ce don frais et sacré ;
Comme une fleur sauvage a soif de l’aube humide,
Mon souffle est altéré de ce trésor limpide,
Quand votre voix l’exhale en de si purs accens,
Qu’on s’incline à l’écho de vos jours innocens :

Chantez ! tournez vers moi l’harmonieuse offrande,
C’est là votre richesse et je vous la demande ;
Non pas toute ; vraiment ! il est tant de malheurs,
Qui frappent à la porte où l’on répand des pleurs !
Des pleurs ! mélodieux comme un ange en accorde,
Qui vous font belle ! et sœur de la miséricorde !
Et Dieu vous bénira, lui, qui vous a donné
Pour votre exil de femme un cœur tout pardonné,
Que ne tourmentent pas deux ailes affaiblies,
Pour égarer l’essor de vos mélancolies.
Je suis trop buissonnière, et ce n’est pas aux champs,
Qu’il faut aller apprendre à moduler ses chants ;
Il faut, ce qui me manque, une sévère école,
Pour livrer sa pensée au vent de la parole.