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PAUVRES FLEURS.


Hélas ! il est des traits d’innocence naïve
Qui font pleurer le cœur, et je crois que c’est Dieu,
Dont la main les répand comme une source vive,
Pour nous dire, aimez-moi ! je le lis en tout lieu !

Un homme passe : adieu l’union solitaire,
Adieu la pauvre amour, doux ciment de la terre !
L’homme passe et dans l’air veut souffler une voix ;
L’homme est triste ; un roseau va gémir sous ses doigts.

Leurs nœuds entrelacés dans l’eau se déchirèrent :
Du roseau qui s’en va les racines pleurèrent.
Enhardi de frayeur, l’autre voulut courir ;
Il tomba : tomber seul, c’est tomber pour mourir !