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PAUVRES FLEURS.

Mais, s’il est malhonnête ?

Mais, s’il est malhonnête— Il ne l’est pas, s’il pleure,
Si son regard te dit : J’ai faim !
Veux-tu qu’il se prosterne en te tendant la main ?
C’est l’envoyé de Dieu qui nous guette à toute heure.
Que ses lambeaux sacrés ne te fassent pas peur ;
Il vient sonder ton âme avec son infortune ;
Le mépris pour le pauvre est la seule laideur,
Qui m’épouvante ou m’importune.

Dieu sur toi lui donne un pouvoir,
Bien au-dessus de la parole !
Le jour où l’enfant le console,
Par une colombe qui vole,
Dieu le sait bien avant le soir !

Lui qui dit aux heureux du monde :
« — Donnez pour qu’il vous soit remis ;
Et plus votre voie est profonde,
Pour que partout on vous réponde,
Prenez les pauvres pour amis ! »