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PAUVRES FLEURS.


Ô richesse dormeuse, es-tu partout la même ?
Boïeldieu ! sur le sol où séchait ton laurier,
Écoute ! au toit du pauvre et dans l’humble atelier,
Écoute si c’est là qu’on te pleure et qu’on t’aime !

À ton corps qui n’a plus qu’un cercueil pour gardien,
Qui donc ose arracher le cœur qui fut si tendre ?
Couronnement hardi ! ne pouvait-on attendre,
Que le temps sous la tombe ait dissous leur lien ?

Tout mon être a pris froid devant cette œuvre étrange,
Comme si l’on brisait une fibre à mon cœur.
L’espérance est pieuse ! et voit avec terreur,
Déchirer l’enveloppe où s’enfermait un ange !

Sur tant de pleurs chantés, dans les cieux attendus,
Les encensoirs chrétiens n’ont pas brûlé leur flamme :
Mais, les sanglots poussés au départ de ton âme,
Ton âme qui montait, les a tous entendus !