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PAUVRES FLEURS.

Bondissant de musique ou poignant de langueur,
Enchante l’homme libre ou fait pleurer l’esclave :
L’adolescent rêveurt te gémit dans les bois ;
Sur ses vœux oppressés ta romance murmure,
Car les ruisseaux n’ont pas une grâce plus pure,
Que la grâce qui coule aux hymnes de ta voix !

Aussi, ta gloire est sainte entre toutes les gloires ;
Jamais un fiel amer n’en corrompit le cours ;
Tu n’eus que des amis au monde ! et tes beaux jours
Sont encor chauds et doux au fond de leurs mémoires !

Et ta cité s’émeut ! la Normande aujourd’hui,
S’éveille et veut ton cœur et le nom de ta mère !
Qu’a-t-elle répandu sur l’indigent ennui,
Qui te rendit la gloire amère ?

Elle ! qui marchanda les traits de son enfant,
Qu’une savante main incrusta sur l’albâtre ;
Elle ! qui t’ignorait, quand la France idolâtre,
Lui jeta ton nom triomphant !