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PAUVRES FLEURS.


Mais, je n’éclaire pas leurs limbes que j’adore,
Je me nourris à part de maternels tourmens ;
Leurs dents, leurs jeunes dents sont trop faibles encore,
N’est-ce pas, pour broyer ces amers alimens !
Ils vous adopteront si vous cherchez leur père,
Ce maître sans rigueur de mon humble maison,
Dont les jeunes chagrins ont mûri la raison ;
Et moi, lierre qui tremble à son toit solitaire !

Dans cette ville étrange où j’arrive toujours ;
Dans ce bazar sanglant où s’entr’ouvrent leurs jours
Où la maison bourdonne et vit sans nous connaître,
Ils ont fait un jardin sous la haute fenêtre ;
Et nous avons par jour un rayon de soleil,
Qui fait l’enfant robuste et le jardin vermeil !


Lyon, 1836.