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PAUVRES FLEURS.

D’y trouver une voix qui chante avec des larmes,
Comme toutes les voix dont j’ai perdu les charmes !
Vous ! loin de nos ruisseaux, si frais au moissonneur,
Avez-vous jamais bu votre soif de bonheur ?
Moi, jamais. Moi, toujours j’ai langui dans ma joie :
Oui ! toujours quand la fête avait saisi ma main,
La musique en pleurant jouait : « Demain ! demain !
Et mon pied ralenti se perdait dans sa voie.

Comme un rêve passager,
Partout où terre m’emporte,
Je ne trouve pas ma porte
Et frappe au seuil étranger :

Pour la faible voyageuse,
Oh ! qu’il fait triste ici-bas !
Oh ! que d’argile fangeuse,
Y fait chanceler ses pas !
Mais son âme est plus sensible,
Plus prompte, plus accessible,