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PAUVRES FLEURS.

Les doux tableaux d’église aux montantes odeurs,
Et de nos hauts remparts les calmes profondeurs ;
Car le livre est limpide et j’y suis descendue,
Comme dans une fête où j’étais attendue ;
Où toutes les clartés du maternel séjour,
Ont inondé mes yeux, tant la page est à jour !
Puis, sur nos toits en fleurs j’ai revu nos colombes,
Transfuges envolés d’un paradis perdu,
Redemandant leur ciel dans un pleur assidu ;
Puis, les petits enfans qui sautent sur les tombes,
Aux lugubres arpens bordés d’humbles maisons,
D’où l’on entend bruïr et germer les moissons ;
Ils vont, les beaux enfans ! dans ces clos sans concierge,
Ainsi que d’arbre en arbre un doux fil de la vierge,
Va, dans les jours d’été s’allongeant au soleil,
Ils vont, comme attachant la vie à ce sommeil,
Que le bruit ne rompt pas, frère ! où l’oreille éteinte,
N’entend plus ni l’enfant ni la cloche qui tinte ;
Où j’allais, comme vont ces âmes sans remord,
Respirer en jouant les parfums de la mort ;
Sans penser que jamais père, mère, famille,
La blonde sœur d’école, ange ! ou fluide fille,