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PAUVRES FLEURS.

Ô prince ! écoutez Dieu ! votre avenir commence :
Pesez le premier pas, car ce pas est immense ;
Pardonnez ! pardonnez ! et vous saurez un jour,
Si l’on est roi long-temps, roi sacré par l’amour :
Vous saurez si Dieu veut que l’on donne sa vie
À qui donne en retour sa douce paix ravie :
Donnez-la ! ce géant fort à tout renverser,
Le peuple est un enfant qui veut vous caresser :
Ouvrez vos jeunes mains tièdes de pure joie,
Sur des cœurs enfermés que la tristesse noie !
Dans la foule qui chante, il est à votre seuil,
Des femmes aux pieds lents qui sortent d’un long deuil ;
Elles viennent de loin demandant quelque étoile,
Qui signale à vos yeux leurs pas et l’humble voile,
Dont elles ont pris soin d’amortir leur douleur,
Pour ne pas effrayer l’hymen de leur pâleur !

Cet hymen, qui dans l’air fait errer un sourire,
Qui colore et détend leur sévère horizon ;
Qui sur leurs jours émus balance votre nom
Et desserre leur voix pour dire :