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PAUVRES FLEURS.

Quand un captif la regarde,
Que cet ange qui le garde,
Dise à chacun de ses jours :
« Les rois un temps ; Dieu toujours ! »

Notre-Dame de la vie !
Tant priée et tant suivie,
Debout sur les flots errans,
Des jours comme nous courans,
Vous, la seule souveraine,
Abaissez vos mains de reine,
Sur votre peuple à genoux,
Puis après, pensez à nous !

Ce peuple est une grande âme,
Toute nue, ô Notre-Dame !
Dont la vie est un long deuil,
Et la chair un froid linceuil.
Chassez l’autan qui le couvre ;
Car je sens mon cœur qui s’ouvre,
Stérile aux chers malheureux,
Qui n’a que des pleurs pour eux !