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PAUVRES FLEURS.


Madame ! les geôles sont pleines ;
L’air y manque pour tant d’haleines ;
Nos enfans n’en sortent que morts ;
Où commence donc le remords ?
S’il est plus beau que l’innocence,
Qu’il soit en aide à la puissance,
Et priez d’un ardent effroi,
Pour tous les prisonniers du roi !

C’est la faim, croyez-en nos larmes,
Qui, fiévreuse aiguisa leurs armes.
Vous ne comprenez pas la faim :
Elle tue, ou s’insurge enfin !
Ô vous ! dont le lait coule encore,
Notre sein tari vous implore :
Priez d’un charitable effroi,
Pour tous les prisonniers du roi !

Voyez comme la Providence
Confond l’oppressive imprudence ;
Comme elle ouvre avec ses flambeaux,
Les bastilles et les tombeaux ;