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PAUVRES FLEURS
Personne n’a tué vos filles ;
Rendez-nous d’entières familles :
Priez d’un maternel effroi
Pour tous les prisonniers du roi !
Comme Esther s’est agenouillée,
Et saintement humiliée
Entre le peuple et le bourreau,
Rappelez le glaive au fourreau ;
Vos soldats vont la tête basse,
Le sang est lourd, la haine lasse :
Priez d’un courageux effroi,
Pour tous les prisonniers du roi !
Ne souffrez pas que vos bocages,
Se changent en lugubres cages ;
Tout travail d’homme est incomplet ;
C’est en vain qu’on tend le filet,
Devant ceux qui gardent leurs ailes.
Pour qu’un jour les vôtres soient belles,
Priez d’un angélique effroi,
Pour tous les prisonniers du roi !